PANNEAU DE SEUIL

Livre de 36 pages, mai 2006, 27 centimètres sur 21 centimètres, imprimé sur Turris eburnea 125 grammes, cousu, couvrure en toile, premier plat imprimé, étui imprimé.

Comme dans « Ardeur obscure », un texte « hors image » est présent en tête et queue du volume. Sa marginalisation, outre l'impression noir sur noir, passe aussi par l'impression sur un papier d'une qualité différente de celle du papier du corps d'ouvrage. Un papier qui fait penser à des gardes. La mise en texte est une mise en gardes. C'est peut-être notre atavique tropisme pour le texte qui est mis en scène : en tombant sur le texte liminaire, on tombe dans le panneau (de seuil). Ce statut de reflet inverse de l'image conféré au texte s'accroît de sa situation en position de frontispice (place ordinaire d'une image allégorique) et dans un encadrement qui peut aussi rappeler les titres à encadrement du seizième siècle. Donc toujours un décalage, une inadéquation voulue, pour ce texte qui contient bien le programme du développement iconographique du livre. « A la main droite (i.e. sur cet emplacement) sur une feuille lactescente (nouvelle inversion de la situation matérielle au regard de l'énoncé du texte : la page et l'encrage sont en noir). Je griffonne des signes pour séparer l'univers ». Tracer un signe, c'est définir, tracer une limite, une frontière, individualiser, séparer l'univers c'est-à-dire y créer du multiple (donc des livres). Dans la genèse, c'est le verbe qui sépare les eaux d'en haut des eaux d'en bas, et les mots qui définissent chaque vivant en le nommant. Ici les signes sont avant tout des images. Boistard Marie-Jeanne, 2006.

25 exemplaires numérotés, signés.